La compagnie une chambre à soi réunit trois femmes. Toutes trois comédiennes. Trois voix, trois mondes. L’une sculpte, l’autre écrit, la troisième chante. Toutes racontent.
Quand elles sortent de leur chambre, c’est pour lire. Partout. Pour tous. Dans les classes, la rue, les bibliothèques, les librairies, les hôpitaux, le métro, les usines, les musées, dans les lieux les plus improbables, au creux de chaque oreille, même la plus distraite, la plus distante, là, elles disent les mots qui relient et qui rassemblent. Être ensemble, se parler, s’écouter. La parole comme rempart contre le repli, l’indifférence et la solitude.
Quand elles sortent de leur chambre, c’est pour jouer dans les théâtres, ou partout où il y a de la vie, des pièces qu’elles auront tissées de grandes paroles et de petites, de textes aimés, d’autres collectés, et de leur parole à elles, souterraine.
Leur terrain de jeu, leur champ de fouilles, c’est penser chacun de nous comme un espace en crise. En chacun de nous, frotter l’intime au politique.
Leur travail théâtral, elles l’envisagent comme traversant, peu importe l’art et la manière, tant que dans leur chambre, Ariane est en bleu de travail, Adé à sa table, et Hélène le micro en main et la tête dans un bouquin : lire, créer, jouer comme on prend une main, comme on part à l’assaut.
Une chambre à soi et le ciel pour tous.
« La chambre à coucher m’ennuie, mais le ciel aussi »
V.Woolf